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AU
NOM
DU PEUPLE FRANÇAIS : Par déclaration
au greffe du 7 juin 2005, la
SOCIETE RENAULT SAS et la SOCIETE RENAULT SAS, établissement de
CERGY-PONTOISE,
ont saisi ce Tribunal d'une demande d'annulation des
désignations le 27 mai
2005 de Monsieur Pierre CANO aux fonctions de
délégué syndical et de Monsieur
Michel de STAERCKE aux fonctions de représentant syndical au
comité
d'établissement au sein de l'établissement de
CERGY-PONTOISE de la SOCIETE
RENAULT SAS. Les SOCIETE RENAULT SAS
et SOCIETE RENAULT SAS
Etablissement de CERGY PONTOISE ont demandé également que
soient convoqués à
l'audience à venir sur cette contestation : - le Syndicat SUD
RENAULT CERGY; - le Syndicat CFE CGC;
DPLA RENAULT CERGY; - le syndicat FO, DPLA
RENAUL T CERGY; - le syndicat CGT, DPLA
RENAULT CERGY; - le syndicat CFDT,
DPLA RENAULT CERGY; - le syndicat CFTC,
DPLA RENAUL T CERGY - Monsieur Pierre CANO; - Monsieur Michel de
STAERCKE. Cette procédure
a été enrôlée sous le n° RG
11-05-641. Par déclaration
au greffe du 1er juillet 2005, la
SOCIETE RENAULT SAS et la SOCIETE RENAULT SAS, établissement de
CERGY
-PONTOISE, ont saisi ce Tribunal d'une demande d'annulation de la
désignation
le 21 juin 2005 de Monsieur Pierre CANO aux fonctions de
délégué syndical et de
Monsieur Michel de STAERCKE aux fonctions de représentant
syndical au comité
d'hygiène, de sécurité et des conditions de
travail au sein de l'établissement
de CERGYPONTOISE de la SOCIETE RENAULT SAS. Les SOCIETE RENAULT SAS
et SOCIETE RENAULT SAS
Etablissement de CERGY PONTOISE ont demandé également que
soient convoqués à
l'audience a venir sur cette contestation : - le Syndicat SUD
RENAULT CERGY; - le Syndicat CFE CGC;
DPLA RENAULT CERGY; - le syndicat FO, DPLA
RENAULT CERGY; - le syndicat CGT, DPLA
RENAULT CERGY; - le syndicat CFDT,
DPLA RENAULT CERGY; - le syndicat CFTC,
DPLA RENAULT CERGY - Monsieur Pierre CANO. Cette procédure
a été enrôlée sous le numéro 11-05-
749. Après plusieurs
renvois, ces deux affaires ont été
appelées à l'audience du 16 septembre 2005 à
laquelle n'étaient présents ou
représentés que la SOCIETE RENAULT SAS et la SOCIETE
RENAULT SAS, établissement
de CERGY-PONTOISE, d'une part, et le Syndicat SUD Renault CERGY,
Monsieur
Pierre CANO, Monsieur Michel de STAERCKE et le SYNDICAT CGE CGC. A cette audience, les
SOCIETE RENAULT SAS et
SOCIETE RENAULT SAS Etablissement de CERGY PONTOISE maintiennent les
termes de
leur déclaration au greffe à l'appui de laquelle elles
exposent que le Syndicat
SUD RENAULT CERGY, ne bénéficiant pas de la
présomption légale de
représentativité, doit établir qu'à la date
des désignations litigieuses, il
était représentatif au sein de l'établissement de
CERGY, ce qu'il ne fait pas
puisqu'il n'apporte aucun élément nouveau de nature
à remettre en cause
l'appréciation de ce Tribunal qui, dans ses jugements du 1er
juillet 2003,21
mai 2004 et 16 novembre 2004, a considéré qu'il ne
rapportait pas la preuve de
sa représentativité. Elles font valoir que
le SYNDICAT SUD RENAUT CERGY
qui prétend compter 63 adhérents, ne justifie par la
production des bulletins
d'adhésion que de l'existence de 14 adhérents à la
date des désignations
litigieuses, ce qui représente une très faible proportion
eu égard à l'effectif
global de l'entreprise de 1042 salariés, et ne rapporte pas la
preuve du paiement
de leurs cotisations par les adhérents. Elles rappellent que si
le SYNDICAT SUD RENAUT
CERGY produit des relevés bancaires démontrant qu'au mois
de mai 2005, le
budget du syndicat s'élevait à la somme de 4060,51 euros,
le relevé bancaire
pour le mois de juin 2005 n'est quant à lui pas versé au
dossier et aucun
élément ne permet de s'assurer de l'origine des fonds. Elles soutiennent,
s'agissant du critère lié à
l'activité et l'influence du syndicat, que les nouveaux tracts
produits par le
SYNDICAT SUD RENAUT CERGY aux débats dont rien n'établit
la diffusion
effective, demeurent, dans leur contenu, très
éloignées des revendications
professionnelles au sein de l'établissement de CERGY-PONTOISE
mais ont trait à
des actions à réaliser au niveau national par le Syndicat
SUD, ou commentant le
résultat des élections politiques. Elles ajoutent que le
Syndicat SUD RENAULT CERGY ne
saurait soutenir que la SOCIETE RENAUL T SAS ferait obstacle à
la
reconnaissance de sa représentativité en lui interdisant
l'accès aux réunions
du comité d'établissement et du CHSCT et des
délégués du personnel alors que
l'employeur est en droit de ne pas accéder à de telles
demandes. Toujours selon elles,
les résultats obtenus par ce
syndicat lors des élections des administrateurs salariés
au conseil
d'administration ne constituent pas un critère
d'appréciation pertinent puisque
la représentativité du syndicat doit s'apprécier
au sein de l'entité qui a
procédé aux désignations litigieuses, en fonction
de la finalité de
l'institution représentative mise en place et du cadre
géographique qui la
commande. Les SOCIETE RENAULT SAS
et SOCIETE RENAULT SAS
Etablissement de CERGY PONTOISE contestent enfin l'expérience de
le Syndicat
SUD RENAULT CERGY, qui ne peut être déduite de la seule
expérience de ses
adhérents au sein d'un autre syndicat. Par courrier du 29
septembre 2005 qu'elles ont fait
parvenir en cours de délibéré pour
présenter leurs observations sur les
procès-verbaux de réunions syndicales que les
défendeurs ont eux même été
autorisés à produire en délibéré,
elles soulignent que Monsieur Pierre CANO,
convié aux réunions des délégués du
personnel de l'établissement, n'a jamais
souhaité poser de questions et s'est contenté de poser
des question diverses,
certaines ayant déjà fait l'objet de débats. Le Syndicat SUD RENAULT
CERGY et les autres
salariés défendeurs concluent au rejet des
prétentions de la SA RENAULT et la
SA RENAULT établissement de CERGY -PONTOISE et demandent au
Tribunal : - d'ordonner la
jonction des procédures 11-05-000641
et 11-05-000749 - de confirmer les
désignations au sein de
l'établissement de CERGY PONTOISE de la SOCIETE RENAULT SAS de
Monsieur Pierre
CANO aux fonctions de délégué syndical et de
représentant syndical au comité
d'hygiène, de sécurité et des conditions de
travail et de Monsieur Michel de STAERCKE
aux fonctions de représentant syndical au comité
d'établissement; - de condamner in
solidum les SOCIETE
RENAULT SAS et SOCIETE RENAULT SAS Etablissement de CERGY PONTOISE au
paiement
des dépens et de la somme de 1000,00 euros sur le fondement de
l'article 700 du
nouveau Code de procédure civile. Ils font valoir que le
SYNDICAT SUD RENAULT CERGY
répond aux critères légaux de
représentativité et notamment à ceux,
prédominants dans la jurisprudence de la Cour de cassation,
d'indépendance et
d'influence, eux-mêmes caractérisés par la notion
d'activité réelle. Ils précisent
que la représentativité doit être
appréciée dans le cadre où la prérogative
syndicale revendiquée est appelée à
être exercée et qu' en l' espèce, elle est
effective au sein de l'établissement
de CERGY-PONTOISE. Ils exposent que
l'indépendance du SYNDICAT SUD
RENAULT CERGY, non contestée par la SA RENAULT et la SA RENAULT
établissement
de CERGY -PONTOISE, est réelle et que ses adhérents sont
au nombre de 63, ce
qui constitue un nombre comparable à celui enregistré
dans les organisations
syndicales représentatives. Ils soutiennent que
seuls deux adhérents ne sont
pas à jour de leurs cotisations dont le montant annuel varie de
120 à 144
euros, ce qui constitue une somme non négligeable en permettant
au syndicat
d'assurer une gestion indépendante, conforme à ses
objectifs. Toujours selon eux, le
syndicat SUD RENAULT CERGY
développe une action et un dynamisme confirmant la
réalité de son implantation
au sein de l'établissement de CERGY-PONTOISE, eu égard au
réunions mensuelles
des membres du syndicat, des nombreuses demandes d' audience
adressées à la
direction pour notamment être invité à participer
aux réunions du Comité
d'entreprise et du CHSCT, à ses demandes de mise à
disposition de panneaux d'
affichage, à ses rapprochement avec d'autres organisations
syndicales en vue de
participer aux mouvement de grève des 10 mars et 16 mai 2005 et
à la diffusion
régulière de tracts évoquant des problèmes
intéressant les conditions de
travail dans l'entreprise . Le syndicat CFE CGC
remet au Tribunal une
déclaration commune des 5 organisations syndicales
représentatives aux termes
de laquelle le SYNDICAT SUD RENAULT CERGY ne justifie ni d'une
influence réelle
dans l'établissement ni d'une activité syndicale de
défense des intérêts
collectifs des travailleurs. Il en veut pour preuve
l'absence de prise de position
du SYNDICAT SUD RENAULT CERGY sur les questions officielles lors des
réunions
syndicales. Quoique dûment
convoqués par le greffe, le syndicat
CFDT, le syndicat CFTC, le syndicat CGT et le syndicat PO ne sont ni
présents
ni représentés. MOTIFS Il convient dans
l'intérêt d'une bonne
administration de la justice d'ordonner la jonction entre les dossiers
n°11-05-749
et 11-05-641 compte tenu des liens de connexité étroits
qui les unissent. Sur les pièces
et notes produites en cours de
délibéré Les SOCIETE RENAULT SAS
et SOCIETE RENAULT SAS
Etablissement de CERGY PONTOISE produisent en
délibéré les procès-verbaux de
réunions
des délégués du personnel que le SYNDICAT SUD
RENAUL T CERGY avait été autorisé
à produire. Cette production
apparaît en conséquence recevable,
comme celle du courrier aux termes duquel les SOCIETE RENAULT SAS et
SOCIETE
RENAULT SAS Etablissement de CERGY PONTOISE se contentent de donner au
Tribunal
leurs commentaires sur la pertinence de ces pièces. En revanche, il y a
lieu d'écarter des débats les
pièces que le SYNDICAT SUD RENAULT CERGY avait été
autorisé à produire en cours
de délibéré et qui n'ont été
adressées au Tribunal que le 13 octobre 2005, soit
la veille du jour initialement prévu pour le prononcé de
la décision,
compromettant ainsi le droit des SOCIETE RENAULT SAS et SOCIETE RENAULT
SAS
Etablissement de CERGY PONTOISE de s'expliquer contradictoirement,
alors que la
date du 14 octobre 2005 initialement prévue pour le
prononcé avait été décidée
après accord des parties pour favoriser les conditions d'un
débat loyal et
équitable. Au fond Il appartient au
syndicat qui ne fait pas partie
des organisations que la loi reconnaît comme
représentatives au niveau national
de rapporter la preuve de sa représentativité en
démontrant son indépendance et
son influence réelle dans l'entreprise au sein de laquelle il
entend désigner
des délégués syndicaux. Et c'est au juge qu'il
revient, après avoir
caractérisé cette indépendance et cette influence
réelle à partir des critères
dégagés par l'article L.133-2 du Code du travail,
d'apprécier dans l'exercice
de son pouvoir souverain si la condition de
représentativité alléguée est
effectivement remplie (Soc., 21 mai 2003, B. V n° 172 p.167). L'indépendance
du Syndicat SUD RENAULT CERGY au
sein de l'établissement RENAULT de CERGY PONTOISE, que la SA
RENAULT et la SA RENAULT
établissement de CERGY-PONTOISE ne contestent pas et qui ne
paraît pas
contestable, doit être tenue pour établie. Son influence, qui doit
être appréciée de façon
souple compte tenu de la jeunesse de ce syndicat de création
récente, est
certaine puisqu'il ressort des bulletins d'adhésion produit que
le SYNDICAT SUD
RENAULT CERGY regroupe désormais 63 adhérents ce qui
constitue un nombre
d'autant plus appréciable qu'il a augmenté depuis le 16
novembre 2004, date à
laquelle il était fixé à 55 et de façon
encore plus sensible depuis les 21 mai
2004 et 1er juillet 2003 date auxquelles il était estimé
respectivement à 39 et
13. Par ailleurs, le
SYNDICAT SUD RENAULT CERGY produit
un document récapitulatif des cotisations versées par ses
adhérents entre le 1er
trimestre 2003 et le second trimestre 2005 dont il résulte que
seul trois des
salariés syndiqués ne sont pas à jour de leurs
cotisations. Les SOCIETE RENAULT SAS
et SOCIETE RENAULT SAS
Etablissement de CERGY PONTOISE ne sauraient utilement contester la
pertinence
de ce document en faisant valoir qu'il constituerait un titre que le
syndicat
défendeur s'est créé à lui-même alors
que sa force probante est confortée par
les 63 bulletins d'adhésion produits ainsi que par les derniers
relevés du
compte bancaire du SYNDICAT SUD RENAUT CERGY faisant apparaître
une
augmentation importante de ses ressources financières. Ces deux
relevés, des 2 et 31 mai 2005, présentent
respectivement des soldes créditeurs respectifs de 4067,07 euros
et de 4060,51
euros ce qui caractérise une augmentation sensible des
ressources du syndicat
par rapport aux années précédentes, les positions
du compte étant de 3184,00
euros au mois de novembre 2004 et de 1246,78 euros au mois d'avril
2004. Même si le
SYNDICAT SUD RENAULT CERGY n'est pas en
mesure de justifier de l'origine des fonds, l'augmentation de ces
ressources
constitue un indice supplémentaire de l'augmentation des
cotisations syndicales
versées. Par ailleurs, ces fonds
commencent à atteindre un
niveau permettant au SYNDICAT SUD RENAULT CERGY de développer
une activité
assez importante. Le SYNDICAT SUD RENAULT
CERGY produit notamment aux
débats divers courriers échangés entre lui et la
direction de l'entreprise
depuis le 10 décembre 2004 jusqu'au 11 avril 2005 aux termes
desquels Il
demandait auprès de la direction des entretiens pour justifier
de sa
représentativité ou l'autorisation d'assister aux
réunions des institutions
représentatives. Ce syndicat produit par
ailleurs un nombre assez
important (19) de tracts diffusés entre le mois d'octobre 2004
et le mois de
juin 2005 exprimant des revendications intéressant les aspects
les plus divers
des conditions de travail des salariés au niveau de l'entreprise
(voir, par
exemple, le tract d'octobre 2004 sur les ports de charge, le tract de
novembre
2004 sur les systèmes de sécurité
défectueux ou le tract du mois de juin 2005
sur la température dans les ateliers). Certains de ces tracts
comportent également des
critiques des orientations de la politique sociale pratiquée au
niveau national
et traduisent ainsi une véritable stratégie menée
en faveur de la collectivité
des salariés de l'entreprise (voir par exemple, les tract du
mois de mars 2005
pour un ralliement au mouvement national du 10 mars et celui pour la
défenses
des intérêts de la femme au travail, comme celui de mai
2005 pour l'appel à la
manifestation contre la suppression du jour férié de la
Pentecôte). Enfin, il
résulte des procès-verbaux des réunions
des délégués du personnel, du CHSCT et du
comité d'établissement que les
représentants de le SYNDICAT SUD RENAULT CERGY sont intervenus
pour prendre la
parole dans ces réunions et que leur participation, certes plus
modeste que
celle des autres organisations syndicales, n'en a pas moins
été active. Si ces
éléments dénotent une activité encore
relativement faible, comparativement aux actions que peuvent
entreprendre
classiquement les organisations syndicales représentatives, ils
dénotent en
revanche une influence croissante de ce syndicat de création
récente, qui
malgré sa jeunesse et son peu d'expérience, recueille une
audience de plus en
plus importante et en augmentation constante depuis deux ans. Dans ces conditions, le
SYNDICAT SUD RENAULT CERGY
rapporte la preuve de sa représentativité au sein de
l'établissement. Il n'y a donc pas lieu
d'annuler les désignations
de Monsieur Pierre CANO et de Monsieur Michel de STAERCKE aux
fonctions, pour
le premier de délégué syndical et pour le second
de représentant syndical au
comité d'établissement. Il n'est pas
inéquitable de laisser à la charge de
chacune des parties le montant des frais irrépétibles
qu'elle a dû engager pour
les besoins de cette procédure. Les dépens
seront laissés à la charge du Trésor
Public. PAR CES MOTIFS Le Tribunal, statuant
publiquement, par décision
réputée contradictoire et en dernier ressort, ORDONNE la jonction des
procédures 11-05-641 et 11-05-749. DEBOUTE le SOCIETE RENAULT SAS
et SOCIETE RENAULT SAS Etablissement
de CERGY PONTOISE de leurs demandes. DEBOUTE les parties de leurs
demandes de frais irrépétibles. MET les dépens
à la charge du Trésor Public. AINSI JUGÉ A
PONTOISE LE 17 OCTOBRE 2005.
l
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