"SUD S'INFILTRE CHEZ RENAULT"
Révolution dans le paysage syndical du constructeur automobile Renault. Le technocentre de Guyancourt - vaisseau amiral de la firme, chargé de concevoir les nouveaux modèles - est le fer de lance d'un mouvement sécessionniste. Une partie des troupes de la CFDT est passées avec armes et bagages dans les rangs d'une toute nouvelle section SUD (Solidaire, Unitaire et démocratique).
Avec l'appui de trois autres établissements de province, les séparatistes de Guyancourt vont plus loin encore dans la contestation. Ils viennent de créer une "union syndicale" pour défendre leurs couleurs au plus haut niveau du groupe: le comité central d'entreprise.
Les contestataires doivent gagner leurs mandats de haute lutte. En effet SUD n'appartient pas à la liste des syndicats dits "représentatifs" au plan national. A Guyancourt, la section a remporté une première victoire devant le tribunal de Versailles le 28 mars. Ce dernier a reconnu sa représentativité et son droit à nommer des délégués syndicaux, contesté par la direction de l'établissement.
L'accord sur les 35 heures
à provoqué la
déchirure
"Il y aura certainement un nouveau procès pour être représenté cette fois au CCE, car la direction va sans doute nous contester à nouveau" estime Alain Martinez, responsable SUD. Leurs rivaux confédérés (CFDT,CGT,FO,CGC et CFTC) semblent les ignorer pour l'instant. "Mais nous sommes la deuxième organisation syndicale de Guyancourt, avec 125 syndiqués, juste derrière la CGT", claironne Alain Martinez.
C'est la signature de l'accord sur les 35 heures par les instances supérieures de la CFDT qui à provoqué la déchirure.
"Sept sections sur onze avaient voté contre, et notre délégué central à quand même signé! Aujourd'hui, nous créons SUD pour dénoncer la flexibilité introduite par cet accord", résume le leader des contestataires. Pour l'instant, le nouveau syndicat n'a pas eu l'occasion de se présenter devant les électeurs. SUD aura l'occasion de se compter, à Guyancourt, lors des élections au CCE en Novembre prochain.
Le mouvement pourrait faire tâche d'huile dans les Yvelines. "A flins, il existe une forte contestation au sein de la section CFDT qui représente la deuxième syndicat derrière FO. Mais il n'y a pas eu encore de meneur pour aller plus loin" estime Jean-Pierre Gueguen de SUD Technocentre.
Renault: le syndicat SUD a annoncé mardi la création d'une union syndicale du groupe renault, qui comprend des représentants de quatres sites, dont Guyancourt, où la représentativité de SUD vient d'être reconnue par la justice. Le syndicat souhaite présenter des candidats aux prochaines élections du comité central d'entreprise, en fin d'année.
La
fédé
qui monte, qui monte, qui monte
Né aux PTT en 1988, SUD
tente désormais d'infiltré le secteur privé.
Petit à petit, SUD fait son nid dans le privé. Ces syndicalistes radicaux, qu'on disait incapables de sortir de leurs bastions du secteur public, essaiment maintenant dans de grandes entreprises du secteur concurrentiel. Très symboliquement, Annick Coupé, fondatrice de SUD-PTT, le noyau originel, s'est détachée de sa fédération pour se consacrer à cette tâche. "Nous développons des structures interprofessionnelles locales, pour permettre à des militants d'entreprise de nous rejoindre" explique-t-elle.
Les SUD, ou plus proprement dit l'Union syndicale groupe des Dix-Solidaires, sont aujourd'hui présents chez Renault (RVI et Renault automobiles), chez Thomson-CSF, mais aussi à la redoute, aux 3 suisses, à la Fnac, ou encore dans la restauration collective comme chez Eurest ou Avenance. Non "représentatifs au plan national", les "Solidaires" se heurtent très souvent à l'hostilité des directions ou des centrales syndicales installées.
"Solidaires" fournit notamment une assistance juridique. Ses militants sont désormais des as du droit syndical. "cela devient de plus en plus complexe, explique Annick Coupé. Avant, on nous contestait les droits attachés aux délégués syndicaux. Aujourd'hui, on nous conteste même, comme à Ikea Villeurbanne, jusqu'au droit de constituer une section syndicale, qui est un droit fondamental."
Les transfuges de la CFDT-Renault ont dû, pour créer SUD dans ses établissements de la région parisienne, aller devant le tribunal. Plus récemment, c'est le ministère de l'emploi qui a refusé à SUD-PTT d'être associé aux négociations sur la toute nouvelle convention collective des télécommunications. SUD a pourtant quelques droits à la "représentativité": outre sa présence massive chez France Télécom, il s'est implanté aussi dans plusieurs autres entreprises du secteur.
On pourrait dater les progressions de SUD des grandes crises syndicales: décembre 1995 a lancé, par exemple, SUD-Rail et SUD-Education. Les 35 heures ont amené SUD-Renault et RVI. La refondation sociale du Medef amène son lot de militants. "Aujourd'hui, on voit arriver des syndicalistes perdus dans les négociations sur l'Unedic", constate Annick Coupé, le malaise des confédérations nourrit donc "Solidaires". Mais les méthodes de SUD séduisent aussi les salariés du privé, comme à la caisse régionale du Crédit Agricole du Sud-est.
Tentative de création d'une base syndicale chez Renault à Guyancourt.
Plusieurs adhérents de la CFDT des centres de recherche et d'ingénierie de Guyancourt et d'aubevoye de Renault viennent de quitter la centrale de Nicole Notat pour créer un syndicat SUD chez le constructeur Automobile. La CFDT de Renault avait été traversée par des débats houleux au moment de la signature en Avril d'un accord 35 heures.
Naissance de SUD Renault
Une soixantaine d'adhérents de la CFDT Renault, situés sur les centres de recherche et d'ingénierie de Guyancourt et d'Aubevoye, ont décidés le 9 décembre de quitter le confédération et de fonder un syndicat Sud Renault. Les dissensions à l'intérieur de la CFDT n'avaient pas cessé depuis la signature, le 16 avril, de l'accord 35 heures dans l'entreprise par le délégué syndical central, contre l'avis d'une majorité de sections syndicales d'établissements. Les cédétistes de l'usine de Blainville (filiale poids lourds) avaient déjà crée un syndicat SUD.
"Dépassé
par son internationalisation,
le groupe
automobile
est au bord de l'asphyxie"
Depuis 1998, deux usines ont été construites au Brésil. Le roumain Dacia et leSOUS l'immense toit de verre du centre de recherche et développement de Renault
situé à Guyancourt (Yvelines), le visiteur est accueilli par un gigantesque planisphère
parsemé d'horloges indiquant l'heure aux quatre coins de la planète. Symbole de la
conversion du constructeur français à la mondialisation, c'est aussi une façon de
montrer que l'ex-régie ne sera plus comme avant.
Indice de la surcharge à laquelle est confrontée l'entreprise, les retards qui
s'accumulent sur les nouveau modèles. La nouvelle Laguna va sortir avec quatre
mois de retard sur le planning initial. Idem pour la nouvelle Safrane, tandis que
l'Avantime, développée en coopération avec Matra, accusera sans doute un report
d'un an."CHARGE DOUBLÉE" « C'est vrai que nous connaissons une bosse de charge exceptionnelle », confiez Jacques Lacambre, directeur de la recherche et de l'ingénierie de Renault. En l'espace de deux ans, la charge des équipes de développement regroupées désormais au Technocentre de Guyancourt (Yvelines) a doublé. Profitant d'une conjoncture porteuse et de rentrées financières importantes, le constructeur multiplie les investissements. « Nous ne nous situons plus dans la configuration classique d'un renouvellement de gamme, comme par le passé, explique un ingénieur, on nous demande désormais d'être présents sur tous les segments du marché, de la mini voiture au haut de gamme en passant par les 4X4. Cette multiplication des modèles pèse considérablement sur les rythmes de travail ».
Pour accompagner la charge de travail, l'entreprise comptait également beaucoup
Pour s'ajuster à cette montée en charge, la direction recourt de plus en plus à la
sous-traitance, accusent les syndicats. Les prestataires extérieurs assument déjà
12 % de la charge de travail confié au Technocentre, désormais le plus important
site du groupe avec 7 000 salariés. Le chiffre devrait passer à 17 % en 2001. La
direction a bien prévu 700 embauches cette année, mais ce volume paraît bien faible
en comparaison du doublement de la charge. Car recruter, puis former, prend du
temps, d'où un recours de plus en plus fréquent à la sous-traitance, qui permet aussi
plus de souplesse dans la perspective d'un retournement du marché. L'automobile
reste une activité cyclique. Une variation de 100 000 véhicules a un impact de
2 milliards de francs sur les comptes de l'entreprise. Un retournement du ma! rché
se négocie plus facilement quand on a recours à des prestataires extérieurs. « Les
techniciens et les cadres gèrent des dossiers dont il n'ont plus la totale maîtrise »,
se plaint Emmanuel Couvreur, délégué central CFDT. Renault commence d'ailleurs à
prendre conscience qu'il a été un peu trop loin en la matière. Pierre-Alain de Smedt,
le nouveau numéro deux de Renault, nommé en 1999, ne cache pas sa volonté de
réintégrer dans le périmètre de l'entreprise un certain nombre de savoir-faire
actuellement effectués par des prestataires extérieurs.
"PRODUITS FRAIS"
Du coup, la tenue des délais est devenu une obsession de tous les instants. DansDu coup, sur le projet Laguna, Renault a dû faire machine arrière et revenir dans une
certaine mesure aux bons vieux prototypes. Une erreur d'appréciation qui a contribué
à allonger les délais.Les retards provoquent des effets en cascade qui répercutent la pression à tous les
niveaux de l'entreprise. « Le facteur temps joue contre nous, admet Patrick
Le Quement, directeur du design de Renault , nos produits sont frais, nous ne
fabriquons pas du surgelé. A partir d'un an de retard sur les délais, il faut se
remettre à la planche à dessin pour garder une longueur d'avance sur la concurrence ».
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concernant sud-renault,
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